Bilan CIVIS Birds of our campuses spring 2023

Tourterelle turque - Streptopelia decaocto

Du 17 avril au 13 mai 2023 dernier, l'opération identification des oiseaux de mon campus printemps 2023 de la mission Biodiv'AMU a intégré le réseau CIVIS. L'université de Bucarest nous a rejoint dans le projet et nous espérons que d'autres universités CIVIS nous rejoindront cet automne.
A Bucarest, nous tenons à remercier tout particulièrement Christina Staicu pour sa coordination efficace de l'opération et les observateurs qui se sont investis en particulier Dani Dragan qui a fait un énorme travail d'observation.
A Aix-Marseille, merci aux observateurs qui se sont investis et tout particulièrement à Tomasz Miernowski et son fils pour leur implication.
Je vous présente les espèces qui ressortent du comparatifs entre ces deux sites européens:

Trois espèces ont été observées fréquemment à la fois sur les campus des universités de Bucarest et d’Aix-Marseille

Tout d'abord, deux espèces de colombidés : la tourterelle turque et le pigeon ramier. Ces deux espèces fréquentes sur ces sites périurbains se sont bien adaptés à la présence humaine mais n’ont pas connu la même évolution éco-éthologique entre le début du 20ème siècle et l'époque actuelle.

A l’origine, la tourterelle turque (streptopelia decaocto) https://www.univ-amu.fr/fr/media/14549 est originaire du continent indien où elle fréquentait plutôt les zones arides. Sa grande expansion au cours du 20ème siècle, surtout dans l’hémisphère Nord, a été associée au développement d'une anthropophilie spectaculaire dans toutes les aires géographiques qu’elle a conquises. L'espèce a  modifié son comportement durant une période assez courte; il semblerait que cette tourterelle ne niche jamais à plus de 1 km d’une habitation humaine. L’espèce est essentiellement granivore et trouve à s’alimenter avec facilité dans les campagnes, les zones périurbaines et les parcs urbains. Elle y trouve les graines qui sont sa principale alimentation. La tourterelle turque vit plutôt en couple et montre une certaine territorialité mais tolère une grégarité prolongée durant la période hivernale sur les sites de nourrissage. La structure paysagère des campus convient parfaitement à cette espèce et il n'est pas surprenant de la voir très présente sur les campus de Bucarest et d’Aix-Marseille.

Le pigeon ramier (Columba palumbus) https://www.univ-amu.fr/fr/media/19315 est un résident de longue date dans toute l’Europe et en Asie mais était initialement un oiseau forestier qui s’alimentait préférentiellement sur les cultures et était aussi très prisé comme gibier, l’un des oiseaux les plus chassés en Europe. Puis, le pigeon ramier s’est mis à coloniser les zones urbaines à tel point qu’à certains endroits il est devenu plus facile de le voir en ville qu’à la campagne. Entre 2001 et 2021, les effectifs de l’espèce ont doublé dans une ville comme Paris. Il est frappant aussi de constater que sa distance de fuite est plutôt plus courte en ville qu’à la campagne. Au moins deux facteurs pourraient expliquer l’évolution de l’habitat du ramier. La première est la pression de chasse qui a pu l’amener à rechercher la sécurité des parcs urbains. La seconde sont les traitements d’enrobage utilisés pour les semences qui, à forte dose, sont néfastes pour les pigeons ramiers. En se rapprochant des zones habitées, l’espèce a pu paradoxalement trouver une alimentation plus saine et bénéficier des nourrissages hivernaux. Il est intéressant de mettre en perspective cette adaptation récente du pigeon ramier avec la baisse générale des effectifs des oiseaux vivant dans les campagnes et qui sont victimes de la chimie de l’agriculture intensive.

La troisième  espèce, très présente sur les deux sites, est un laridé, le goéland leucophée (Larus argentatus) https://www.univ-amu.fr/fr/media/16119. Ce goéland, très commun dans toute l’agglomération marseillaise, se rencontre donc aussi fréquemment dans une ville continentale comme Bucarest. A la base, le goéland leucophée était inféodé aux côtes méditerranéennes. Espèce menacée au début du 20ème siècle, ce goéland a dans un premier temps étendu son aire de répartition sur les zones côtières, puis a colonisé l’intérieur des terres. Le statut d’espèce opportuniste, à la fois prédateur et nécrophage, du goéland leucophée le rend assez "tout terrain". Si l’on ajoute à son régime alimentaire une certaine hardiesse vis-à-vis de l’Homme, on a probablement des éléments d’explication pour son adaptation remarquable aux milieux anthropisés.

Les espèces les plus observées sur les deux sites.

Le moineau domestique (Passer domesticus) https://www.univ-amu.fr/fr/media/23121 https://www.univ-amu.fr/fr/media/23120 est donc l’espèce qui a été la plus observée ce printemps sur les campus de l'université de Bucarest. Le moineau domestique, espèce ubiquiste emblématique, a fortement régressé dans ses habitats traditionnels en France et il est donc intéressant de constater qu’il peut être encore davantage présent dans les zones périurbaines de Bucarest.

Le serin cini (Serinus serinus) https://www.univ-amu.fr/fr/media/17113 a été l’espèce la plus observée ce printemps sur les campus d’Aix-marseille. Il profite en plus d’un biais positif d’identification car son champ est caractéristique et il le produit souvent perché au commet d’un arbre. C’est une espèce à la base très méridionale qui tire profite du réchauffement climatique pour étendre son aire de répartition vers le Nord. Mais il reste plus emblématique des régions méridionales où il est sédentaire et apprécie les habitats semi-ouverts dans lesquels il se nourrit de petites graines dans les potagers et les friches.

Galerie d'images
Pie bavarde Pica pica
Moineaux domestiques mâles Passer domesticus
Moineau domestique femelle Passer domesticus
Merle noir mâle - Turdus merula
Pinson des arbres mâle - Fringilla coelebs
Etourneau sansonnet Sturnus vulgaris
Goéland leucophée Larus michahellis
Pigeon ramier Columba palumbus
Pigeon biset Columba livia
Serin cini
Mésange charbonnière - Parus major
Fauvette mélanocéphale mâle Sylvia melanocephala
Pouillot véloce Phylloscopus collybita
Verdier d'Europe mâle - Chloris chloris
Rougegorge familier - Erithacus rubecula
Rouge-queue à front blanc mâle -Phoenicurus phoenicurus
Rouge-queue noir mâle - Phoenicurus ochruros
Mésange bleue - Cyanistes caruleus
Mésange à longue queue ou orite Aegithalos caudatus
Rossignol philomèle Luscinia megarhynchos
Couple Choucas des tours (coloeus monedula)
Chardonneret élégant Carduelis carduelis
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Contact

Pascal Carlier, enseignant-chercheur, éthologue, chargé de mission Biodiv'AMU, membre du Laboratoire Population Environnement Développement (LPED),

pascal.carlier@univ-amu.fr


Mots-clés
Oiseaux
Inventaires
Biodiversité
Sciences participatives
CIVIS