Colloque international – Marco Polo et le Devisement du monde. 700 ans de lectures et de représentations (21-23 mars 2024)

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Ce colloque est soutenu par l’Institut Sociétés en Mutation en Méditerranée (SoMuM), dans le cadre de l’Appel à projets 2024 de SoMuM – Soutien aux manifestations scientifiques.

Marco Polo est l’un des rares hommes du Moyen Âge qui, sans être roi ou pape, est connu de tous et fait partie de notre patrimoine historique et littéraire. Présent dans nos villes et notre vie quotidienne, utilisé par nombre de restaurants ou par des guides de voyage, son nom est connu même des enfants auxquels on raconte ses aventures. Cette célébrité, acquise de son vivant, n’a cessé de se développer, de se façonner et de s’enrichir tout au long des sept siècles qui nous séparent de sa mort en 1324.

Pendant ces sept cents ans, Marco Polo n’a cessé de fasciner et son récit de faire rêver ou au contraire de susciter l’incrédulité. Traduit dans de nombreuses langues et diffusé à travers l’Europe dès le XIVe siècle, le Devisement du monde a rencontré un succès rapide qui a perduré au fil des siècles, comme en témoigne le nombre important de manuscrits subsistants, puis d’éditions imprimées. À la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, son témoignage a été mis à profit par les auteurs intéressés par l’histoire des Mongols, ainsi que par les géographes et cartographes souhaitant décrire l’Asie et l’océan Indien. Longtemps considéré comme une source unique pour des régions lointaines et méconnues, ce récit n’est cependant pas tombé dans l’oubli lorsque les Européens se sont à nouveau lancés à la découverte de l’Asie. Tout en apportant de nouvelles connaissances sur la Chine et le Japon, les Jésuites ont continué à le faire figurer dans leur bibliothèque, désormais moins comme source d’informations que comme témoignage historique.

À partir du XIXe siècle, l’intérêt porté à Marco Polo et à son livre se démultiplie. Tandis que ses descriptions de l’Asie viennent nourrir les entreprises coloniales et la cartographie de régions encore peu ouvertes aux Européens, les érudits partent à la recherche des manuscrits et tentent de retrouver la version originale du texte. Les éditions, plus ou moins critiques, se multiplient, ainsi que les querelles philologiques. Les historiens se mettent eux aussi à écrire l’histoire de Marco Polo et de sa famille et à écrire, à partir de son livre, l’histoire des relations entre l’Occident et l’Orient, celle des échanges commerciaux et culturels, ou encore celle des représentations de l’Autre, etc. Dans la suite de cette perspective, Le devisement du monde fait naturellement partie des œuvres étudiées par les « post-colonial studies ». À l’heure actuelle, la figure de Marco Polo est convoquée au sujet des relations entre la Chine et l’Occident, et en particulier à propos des « nouvelles routes de la Soie » et de leurs enjeux géopolitiques et économiques.

Parallèlement, la littérature s’empare du mythe et on voit naître des pièces de théâtre (de Marco Millions d’Eugene O’Neill en 1927 à Marco Polo et l’hirondelle du khan d’Eric Bouvron en 2017), des réécritures romanesques, y compris dans la littérature pour enfants qui ne pouvait passer à côté des aventures de ce jeune vénitien parti à quinze ans à travers l’Asie, ou la bande dessinée. Des voyageurs modernes et des reporters (tels Michael Yamashita) reprennent les routes suivies par la famille Polo, dont ils cherchent à revivre les péripéties. Il ne faut pas oublier le cinéma, qui a porté à l’écran à plusieurs reprises le récit des voyages de Marco Polo, lesquels ont même inspiré des ballets (Marie-Claude Pietragalla en 2008).

Au fil de cette longue histoire, l’image de Marco Polo et de son récit évolue, tandis que chaque époque, chaque milieu y trouve un intérêt : informations nouvelles et de première main, descriptions de régions inconnues, témoignage sur une période révolue, matière à rêver et à voyager en lecture… Ce sont ces différentes perceptions et ces usages multiples que nous voulons explorer, à la fois par des cas d’études et des analyses diachroniques. Sans vouloir nécessairement dresser un tableau exhaustif des représentations du voyageur vénitien et de la réception de son livre de 1324 à nos jours, il conviendra de proposer des études réparties tout au long de ces sept siècles d’histoire.

 

Dates
21 mars au 23 mars 2024

Lieux
Aix-en-Provence, bibliothèque et archives Michel Vovelle (21-22 mars)
Aix-en-Provence, salle 201, Le Cube (23 mars)

Public
Masterants, doctorants, chercheurs, enseignants-chercheurs

Mots-clés
Marco Polo
patrimoine historique et littéraire
lectures et représentations