Projets de recherche doctorale
Lauréats 2021 :
1) Soutenir la transition école-collège pour renforcer les apprentissages fondamentaux : évolution de la production écrite chez des élèves de 9 à 11 ans bénéficiant d’un dispositif pédagogique innovant.
Thèse de Marion Cardinaud sous la direction de Fanny Meunier (CNRS) et Lucie Broc (CNRS).
Résumé : Un dispositif pédagogique innovant a été mis en place au sein d’un Réseau d’Education Prioritaire renforcé (REP+) de la ville de Nice : des Classes Inter-Degrés (CID). Dans le cadre de ces classes, les enseignants du 1er et du 2nd degrés collaborent et mettent en œuvre de séances d’enseignement hebdomadaires durant lesquelles des élèves de CM1, CM2 et 6ème sont regroupés et travaillent ensemble. L’objectif pédagogique de ce dispositif est de soutenir la transition école / collège afin de garantir, entre autres, une continuité dans l’acquisition des savoirs fondamentaux, notamment en production écrite.
Ce projet de thèse a donc pour objectif d’analyser l’évolution des performances en production écrite des élèves qui bénéficient des CID au regard des pratiques enseignantes spécifiques qui y sont développées tout au long du cycle 3. Il prend appui d’une part sur les théories pragmatiques du langage puisqu’elles permettent de prédire une variation du langage en fonction de son contexte d’utilisation, et sur les théories interactionnistes du développement d’autre part puisqu’elles ont montré que es interactions répétées entre experts (enseignants ou élèves plus avancés) et novices (élèves moins avancés), et entre novices, favorisent l’intégration d’abord collective de la connaissance, puis l’accès individuel au savoir.
Les compétences écrites seront évaluées de façon systématique en début et en fin d’année, tout au long du cycle 3, afin de mettre en avant la trajectoire développementale des élèves des CID. En parallèle, il est prévu d’analyser les pratiques enseignantes spécifiques développées dans les CID grâce à l’enregistrement vidéo de séances menées en inter-degrés. Les résultats pourront permettre de formuler des suggestions de formation et d’accompagnement des enseignants pour soutenir l’acquisition des compétences fondamentales à l’écrit dans un contexte social défavorisé et dans la période de changements importants que représente la transition école / collège.
2) Les dispositifs d’éducation à la citoyenneté : Conception et mise en œuvre.
Thèse de Marie-Laure Harmand sous la direction de Thierry Berthet (LEST) Sociologie
Résumé : Mon projet de recherche porte sur la conception et la mise en œuvre des dispositifs d’éducation à la citoyenneté. Ces derniers relèvent, en France, de la transmission du savoir fondamental « respecter autrui » et constituent une mission majeure de l’école. La question de la citoyenneté est un enjeu primordial pour toute société car la plus ou moins grande cohésion sociale qui en découle a un impact direct sur le niveau de conflictualité et de tensions en son sein. Une conception partagée de la citoyenneté rend le monde plus prévisible, moins conflictuel et, de ce fait, protège mieux les individus appartenant à cette société. Ceci explique que, au-delà des orientations des politiques éducatives nationales, la citoyenneté soit devenue un enjeu éducatif de premier plan à l’échelle mondiale. Depuis trente ans, et particulièrement à partir de la signature du traité de Lisbonne, l’éducation à la citoyenneté est encouragée et identifiée comme compétence clé pour l’éducation et la formation tout au long de la vie. Au niveau mondial, cet objectif est réaffirmé dans la déclaration d’Incheon de 2015, à l’occasion du forum Mondial sur l’éducation. Au Québec, une des trois missions de l’école vise à socialiser les élèves. Ainsi, de part et d’autre de l’Atlantique, la volonté de mettre en œuvre l’éducation à la citoyenneté est présente, au niveau des dispositifs et des programmes en direction des élèves. L’acquisition de compétences permettant de devenir un citoyen éclairé semble de l’ordre de l’évidence.
Or, en France, cette « évidence » perd en netteté quand on tente de mesurer sa concrétisation dans la pratique quotidienne des enseignants du secondaire. Alors que l’éducation à la citoyenneté fait consensus, à tous les niveaux hiérarchiques, et que sa mise à l’agenda politique est régulièrement « réactivée », nous sommes face à une énigme que ce projet de recherche vise à résoudre : comment expliquer les résistances tacites ou explicites des agents dans la mise en œuvre des dispositifs d’éducation à la citoyenneté, alors même que cela constitue une mission centrale de l’école.
Ce projet de recherche ambitionne, pour répondre à cette énigme, de s’inscrire dans une analyse comparée des systèmes éducatifs français et québécois afin de repérer les leviers et les freins opérant dans la mise en œuvre de l’éducation à la citoyenneté ; leur impact sur l’acquisition des savoirs fondamentaux et sur les performances des élèves.
3) Accompagner la réussite éducative des élèves allophones nouvellement arrivés en France.
Thèse de Luna Russo sous la direction de Virginie Baby-Collin (TELEMME) et Fatina Chnane-Davin (ADEF).
Résumé : L’inclusion scolaire, définie comme « un processus visant à tenir compte de la diversité des besoins des élèves et à y répondre par une participation croissante à l’apprentissage » (UNESCO, 2009, p. 14), est devenue l’un des enjeux majeurs de l’éducation. Notion apparue en 20051 dans le cadre de la scolarisation des élèves en situation de handicap, elle englobe – au titre du droit commun - l’ensemble des élèves aux besoins éducatifs particuliers (Éduscol, 2021) parmi lesquels les élèves allophones nouvellement arrivés (EANA). Deux composantes essentielles caractérisent ces derniers : la non-maîtrise de la langue française et l'expérience récente de migration. En 2018-19 ils représentent près de 7 sur 1000 élèves scolarisés en France2 (DEPP, 2020). L’enjeu majeur de leur première année de scolarisation dans le système français est l’apprentissage de la langue française afin qu’ils puissent à l’issue, être complètement inclus en classe ordinaire. Ainsi, leur prise en charge s’inscrit dans le cadre de l’École inclusive, qui « vise à assurer une scolarisation de qualité pour tous les élèves » (Éduscol, 2021) et réduire les inégalités sociales. En 2012, la création des Unités Pédagogiques pour Élèves Allophones Arrivants (UPE2A)3 concrétise la politique inclusive : « l’inclusion dans les classes ordinaires doit constituer la modalité principale de scolarisation (des EANA) » (Rigoni, 2017, p. 42).
Il s’agit d’un public en croissance pour lequel des dispositifs se créent parfois dans l’urgence et où les études montrent que les enseignants sont souvent peu spécifiquement formés à leur accueil (Rigoni, 2020). En tant qu’élèves aux besoins éducatifs particuliers, la mise en place d’une pédagogie spécifique de l’inclusion, de l’orientation et de l’accompagnement est nécessaire.
4) Comprendre les activités de conception dans l'utilisation des outils numériques.
Thèse de Yann Vallet sous la direction de Pascal Terrien (CIFRE).
Résumé : La thèse est encadrée par une collaboration (bourse CIFRE) entre AMPIRIC (avec l’ANRT), le laboratoire ADEF, et l’entreprise INTERFORA IFAIP. Elle interroge l'utilisation des outils numériques, tels que la réalité virtuelle, et en quoi cette utilisation modifie les processus de compréhension et de conceptions pédagogiques chez les formateurs ? Cette recherche s’intéresse à l’épistémologie des pratiques professionnelles (dans les phases de conception et d’utilisation) ainsi qu’à la représentation des formateurs sur les artefacts numériques, notamment sur la façon dont ils les instrumentent et les instrumentalisent. L’expérimentation s'appuie sur des échanges et de l’observation des formateurs lors de la conception de modules et lors des situations d’enseignements dans différentes modalités (présentiel, hybride et distanciel). Cette recherche s’inscrit dans le cadre théorique des sciences de l’éducation, notamment sur les questions du geste créatif lié à l’activité formative. Ce cadre est complété par un apport pluridisciplinaire mêlant les sciences de l’information et de la communication, les sciences du numérique, mais également les neurosciences et la psychologie.
Lauréats 2020 :
1) ANTI-STEREOTYPE: Améliorer les performaNces de l’enfanT apprenant à travers un compagnon vIrtuel d’apprentissage écartant la menace du STEREOTYPE.
Thèse de Marjorie Armando Sous la direction de Magalie Ochs (LIS) et Isabelle Régner (LPC)
Résumé : Plusieurs recherches en cognition sociale ont montré que l’effet dit de menace du stéréotype entrave les apprentissages et les performances des élèves lorsqu’ils sont la cible de stéréotypes négatifs au sujet de leurs compétences, comme c’est le cas des filles en mathématiques (Bedyńska et al., 2021 ; Huguet & Régner, 2007, 2009 ; Spencer et al., 1999). Le présent projet a pour objectif d’améliorer l’apprentissage des mathématiques des élèves du secondaire grâce à une nouvelle solution numérique permettant de réduire, voire neutraliser, les effets pervers de ces stéréotypes sur le fonctionnement cognitif des élèves. Plus précisément, il s’agit de tester l’efficacité de compagnons virtuels d’apprentissage en math selon qu’ils incarnent un modèle de réussite auquel les élèves peuvent s’identifier, et qu’ils instaurent (ou non) une relation socio-émotionnelle positive avec l’élève (via une convergence des mouvements et des paroles avec l’élève). Une expérimentation auprès d’élèves du secondaire permettra d’évaluer l’impact de ces compagnons sur les performances lors de l’apprentissage.
2) Pratique pédagogique et cognition incarnée : l’apport du geste iconique dans l’acquisition du vocabulaire et la compréhension orale en grande section de maternelle.
Thèse de Anaïs Cauna sous la direction de Marion Tellier (LPL) et Pascale Colé (LPC)
Résumé : La lecture constitue l’un des savoirs fondamentaux à acquérir au cours du cycle 2 (eduscol.education.fr). Son apprentissage se prépare dès la maternelle et les compétences en vocabulaire constituent l’un des prédicteurs de sa réussite. Toutefois, la dernière enquête de la DEPP rapporte des difficultés de compréhension orale chez les élèves à l’entrée au CP liées à un faible niveau de vocabulaire. Compte tenu de l’importance du vocabulaire dans les apprentissages scolaires et dans la dynamique du développement cognitif, l’objectif principal de ce projet vise à évaluer une pratique pédagogique qui consiste à utiliser des gestes iconiques (illustratifs du sens du référent) par les enseignants et leur reproduction par les élèves pour favoriser l’acquisition du vocabulaire (Etudes 1 & 2) et la compréhension orale (Etude 3) chez des enfants scolarisés en GSM et à en décrire les effets fonctionnels avec l’approche de la cognition incarnée selon laquelle le fonctionnement de l’esprit humain ne peut pas être dissocié du corps qui l’abrite et dans lequel il « s’incarne ». La reproduction du geste par les apprenants devrait favoriser la mémorisation du vocabulaire, permettant un encodage sémantique plus précis connectant étroitement les propriétés sensori-motrices et
conceptuelles (plus abstraites) des mots. De plus, l’étude 2 inclura des enfants de milieu socio-économique défavorisé pour lesquels des retards dans le développement du langage oral et en particulier dans le vocabulaire ont été identifiés et qui constituent des enfants « à risque » pour les apprentissages scolaires. Ces études seront conduites en relation étroite avec les enseignants qui participeront à l’élaboration des études et à leur administration.
3) Etude de l’impact du processus d’enseignement-apprentissage sur le raisonnement scientifique fondé sur l’utilisation d’un outil de réalité augmenté, dans le but d’améliorer les capacités des élèves à produire un raisonnement scientifique.
Thèse de Eléna MARTIN sous la direction de Jérémy Castera et Pascale Brandt Pomares (ADEF).
Résumé : En France 21% des élèves ne maitrisent pas les compétences scientifiques nécessaires pour faire face à la vie courante. L’accès à la culture scientifique est un enjeu primordial en éducation, que ce soit pour le développement des capacités personnelles des élèves ou l’accès à des études supérieures. Raisonner est un des cinq savoirs fondamentaux avec lire, écrire, compter et respecter autrui ; produire un raisonnement scientifique est donc un enjeu prioritaire assigné à l’éducation scientifique et technologique à l’école primaire et au collège. Dans cette thèse, nous proposons d’étudier l’impact d’un dispositif innovant utilisant la réalité augmentée (RA) sur le processus d’enseignement-apprentissage du raisonnement scientifique chez des élèves de 6ème.
Un groupe témoin (15 classes) et un groupe expérimental (15 classes) seront testés sur 4 séances dédiées au système Terre-Soleil et à la caractérisation des conditions de la vie terrestre en Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Un pré-test et un post-test seront effectués pour mesurer leur capacité de raisonnement scientifique. De plus le groupe expérimental fera l’objet d’investigations plus poussées afin de comprendre les facteurs et les interactions qui peuvent faciliter ce raisonnement lors de séances intégrant la RA. Dans cette approche systémique, nous proposons de regarder l’impact des différentes approches et organisations des enseignants, la charge cognitive, la motivation et la perception de l’efficacité des dispositifs des élèves sur le raisonnement scientifique. Les différences entre le groupe expérimental et le groupe témoin pourront être évaluées à l’aide de tests statistiques de type ANOVA/MANOVA. Le processus d’enseignement-apprentissage avec RA, pourra être regardé au travers d’analyses de type modélisation par équations structurelles, permettant ainsi de mettre en exergue les liens existants entre les différents facteurs et l’acquisition d’un raisonnement scientifique.