De nombreuses régions alpines isolées connaissent un déclin démographique et un vieillissement de la population, tandis que le fossé entre les zones urbaines et rurales s'élargit. À son échelle, le projet AlpSatellites analyse les opportunités et les défis du travail à distance en vue d'attirer les jeunes, les travailleurs et les nomades numériques dans les zones reculées et de les intégrer dans les communautés locales.
Les six partenaires du projet sont : l'Université du Val d'Aoste (UNIVDA), l'Unité des Communes Valdôtaines Evançon (CME), l'Association Culturelle Sociale et Sportive du Queyras (ACSSQ), Aix-Marseille Université (AMU), l'Université des Sciences Appliquées du Vorarlberg (FHV) et la Municipalité de Doren.
La première étape du projet AlpSatellites a consisté à engager et à consulter les acteurs locaux dans les zones de montagne ciblées et à explorer leur intérêt pour le travail à distance en tant que moyen de développer l'économie locale. Dix ateliers de co-création ont été organisés en Italie, en Autriche et en France, avec un total d'environ 200 participants en ligne et en direct.
En Italie, quatre groupes distincts de parties prenantes ont été identifiés par le partenaire du projet CME : les administrateurs et les décideurs locaux ; les entrepreneurs locaux ; les citoyens ordinaires de l'Unité de Communes Valdôtaines Evançon ; les étudiants de l'Université du Val d'Aoste. Ces quatre groupes se sont réunis séparément en ligne pour discuter des solutions de télétravail et de co-working permettant d'aider les communautés à prospérer. Lors d'un atelier final organisé le 28 mars 2023 à Verrès, 27 participants représentant les quatre groupes ont eu l'occasion de partager leurs différentes perspectives et d'apprendre les uns des autres.
En France, l'implication des communautés locales a été mise en œuvre par le biais d'un processus en deux étapes. Tout d'abord, entre novembre 2022 et avril 2023, des réunions bilatérales ont été organisées avec les principales parties prenantes de trois régions : Briançonnais, Guillestrois-Queyras et Pays des Écrins. Les parties prenantes ciblées par le partenaire du projet, l'ACSSQ, à ce stade étaient principalement des maires et des décideurs locaux. Ensuite, trois autres réunions ont été organisées, une par zone, qui ont rassemblé une série d'acteurs clés, notamment des élus, des entreprises locales, des services touristiques, des ONG et des travailleurs isolés.
L'équipe autrichienne du projet a organisé trois ateliers distincts. Le premier était destiné à informer les étudiants, le personnel universitaire et les entreprises sur le projet Alpsatellites. Le deuxième atelier, qui s'est déroulé en ligne, a réuni 15 étudiants et jeunes travailleurs, tandis que le troisième était une rencontre en direct avec 25 maires de la région de Bregenzerwald.
À la fin de la phase de consultation, un rapport national a été rédigé dans chaque pays, et les trois rapports ont été fusionnés pour former le premier produit d'AlpSatellites, le rapport transnational : Alpine Remote Areas' appetite for remote working (L'appétit des régions alpines isolées pour le travail à distance), disponible en anglais au lien suivant.
Une analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités, menaces) a été réalisée lors des différents ateliers afin d'identifier et d'évaluer les différents aspects du travail à distance dans les Alpes. La méthode World Café a également été utilisée, à la fois pour maximiser l'interaction entre les participants lors des sessions en face à face et pour créer une atmosphère détendue et ouverte.
Parmi les obstacles à surmonter, les trois pays ont fait état d'un écart important entre l'offre et la demande sur le marché du logement, compte tenu du rôle prépondérant du tourisme de résidence secondaire dans les zones de montagne. Les logements disponibles sont souvent trop petits pour les familles, ont besoin d'être rénovés, sont chers et ne disposent pas d'une connectivité adéquate par fibre optique. L'insuffisance des transports publics et la dépendance à l'égard des véhicules privés ont également été identifiées comme des problèmes cruciaux dans tous les territoires. La qualité des services familiaux essentiels, tels que les écoles maternelles, les activités pour les enfants et les centres de jeunesse, doit également être améliorée pour attirer les télétravailleurs et ralentir l'exode des familles qui vivent déjà dans ces zones.
Il existe des opportunités de construire des espaces de co-working offrant des services multiples (cuisine partagée, activités sociales et culturelles, e-micro mobilité, etc. Trois principaux groupes cibles de travailleurs à distance ont été identifiés : les voyageurs de loisirs, les nomades numériques et les nouveaux résidents télétravailleurs. Par exemple, dans les zones touristiques moins développées, il est possible d'étendre les services destinés à la clientèle de loisirs, y compris les espaces de co-working et les services personnalisés. Les familles sont souvent divisées pendant les vacances scolaires, car au moins l'un des parents doit rentrer chez lui pour travailler pendant la semaine. La création d'installations adaptées au travail à distance, même au sein d'hébergements existants, permettrait aux familles de rester ensemble, ce qui augmenterait le chiffre d'affaires et le bien-être des clients. En outre, le travail à distance réduit la nécessité de faire la navette et, par conséquent, les coûts pour les travailleurs et les émissions de CO2. Cela pourrait être un facteur crucial pour encourager le repeuplement et empêcher l'abandon de nombreux villages isolés.
La prochaine phase du projet consistera à achever l'activité A1.2 ("Analyse systématique du niveau de préparation des territoires cibles au travail à distance et identification des conditions favorables") et à lancer l'activité A 1.3., qui consistera à concevoir, avec l'aide des acteurs locaux, des solutions de travail à distance et de co-working pour chaque région participante qui reflètent les caractéristiques spécifiques de cette zone et répondent aux besoins locaux qui ont émergé jusqu'à présent.