POREC

Parentium en Istrie, selon toute vraisemblance fondation césarienne, devenue colonie sans doute en même temps que Pola autour de 46 av. J.-C., a été  sévèrement endommagée pendant la Deuxième Guerre Mondiale, puis a connu une intense activité édilitaire, surtout depuis une vingtaine d’années. Bien qu’elle soit une des villes les plus fouillées de Croatie, l’absence de synthèse publiée fait aussi qu’elle est une des moins connues, et notamment en ce qui concerne son port. On sait pourtant que sa rade bien abritée est un des meilleurs abris contre le mauvais temps que présente la côte d’Istrie : à l’époque vénitienne, Parenzo est un avant-port de Venise et l’un des ports majeurs de l’Istrie.

Au début des années 1990, à l’occasion d’un sondage sur le départ du môle actuel, M. Baldini a retrouvé deux môles antérieurs, qui étaient encore visibles sur le cadastre de 1820 et qui dateraient du XVIIIe siècle. À un niveau inférieur est apparu le départ d’un probable embarcadère romain, renforcé au Moyen Âge par des éléments antiques, dont un sarcophage. Il ne reste de ces importantes observations qu’une photo et deux dessins montrant l’emploi de grands blocs. Le port romain se trouvait donc vraisemblablement sous le port actuel et il y avait peu d’espoir d’en retrouver davantage de vestiges jusqu’aux travaux de réaménagement du front de mer méridional en 2020.

Le Musée territorial de Poreč (Zavičajni muzej Poreštine - Museo del territorio Parentino) a été chargé du suivi archéologique des travaux. C’est lors de ces fouilles préventives près de la « Porta da Mar » que les vestiges d’une épave de bateau cousu d’époque romaine ont été découverts. Ils étaient ensevelis sous des blocs aux formes irrégulières et de tailles variées, aux pieds d’un quai en gros appareil contemporain du bateau. Plusieurs fragments de céramiques et d’amphores témoignent de la fréquentation du port jusqu’à l’Antiquité tardive, lorsqu’au quai se superposent d’autres structures et une tour médiévale.

Le projet « POREC - PORt, Environnement, arChéologie » ambitionne à :

• étudier la topographie du port en relation avec les dynamiques d’occupation de la ville et du territoire ;
• reconstituer les variations relatives du niveau de la mer, les modifications des lignes de rivage, les impacts de l’anthropisation (pollutions diverses) et le paléoenvironnement locale et régionale ;
• comparer d’un point de vue de l’architecture, de la dendrologie et de l’étude de la poix de protection l’unité architecturale représentée par l’épave avec six autres épaves de bateaux cousus découvertes en Istrie et en Dalmatie afin de caractériser un « type » représentatif des traditions de construction navale adriatiques d’époque romaine et en réaliser une étude de restitution 3D complète (structure, forme, hydrostatique).

Les compétences et méthodes croisées en histoire, archéologie, topographie, géographie, dendrologie et dendrochronologie, palynologie seront sollicitées pour la mise en œuvre de ces études. Le projet sera aussi mené en collaboration avec le laboratoire ARC-Nucléart de Grenoble qui assurera la conservation de l’épave.

Le projet s’appuie sur un fort partenariat franco-croate et s’inscrit dans deux programmes de recherche du Centre Camille Jullian soutenus par le Ministère de l’Europe et les affaires étrangères (programmes « ISTRIE » et « ADRIBOATS »).

Financé par l'Institut d'archéologie méditerranéenne ARKAIA - Fondation A*Midex, le dispositif « Amorce » soutient par une enveloppe de 5000 € à 10000 € l’émergence de nouvelles recherches et approches préfigurant la structuration de réseaux de partenaires en vue de répondre à des appels à projets nationaux ou internationaux de haut niveau. Consulter la liste des projets financés.