Et... de revoir la couleur des coquelicots

 

Pendant le confinement les 15 danseur.se.s de la Cie Universitaire DANSE'AMU, dirigée par Véronique Asencio, n’ont pas cessé de danser, et de créer (en visio, en vidéo, par téléphone). De ce travail est né le projet "Et... de revoir la couleur des coquelicots" qui a évolué dans le contexte particulier de la crise sanitaire prolongée et se décline en trois propositions :

- Un court-métrage (#1) - à visionner ici !  (mot de passe : DanseAMU2020)
- Une création chorégraphique présentée en public en septembre 2020 (#2) - Extraits à retrouver en vidéo ici !
- Une création chorégraphique filmée et diffusée en ligne (#3) - à visionner ici !

Les recherches ont eu lieu pendant le confinement sur des thématiques profondément liées au corps...
Il est question du corps contraint, du corps de l'autre absent, du flux, d'être ensemble mais séparés...
"Ce projet est né car ce n'était pas un projet... il a grandi, nourri d'une quinzaine de "je"...
Des gens,
Du jeu de la vie...
De la force de l'envie

Création chorégraphique : Véronique Asencio
Réalisation du film : Denis Alcaniz, Véronique Asencio
Musique : Julien Lamy
Effets spéciaux : Astrid Manoukian
Entretiens : Clarisse Vollon                                                                                                  

Notes d'intentions de l'équipe artistique

Au départ, la sidération !
Et très vite l'envie d'inventer…
On ne peut pas faire ce qui était prévu…
Profitons de l'imprévu…
Et une seule idée me hante : « HORS DE QUESTION D’ARRÊTER »… être en mouvement…
Autour de moi TOUT s'arrête, dans le monde de la danse...des débats… la norme…
Là pour moi pas de débat, il y a une réalité,un contexte, des contraintes fortes… de tout cela doit naître la poésie… notre poésie de l'instant.
Alors oui des manques : le corps absent, partenaire, plus de contact, l'espace réduit… plus d'horizon… nos fondamentaux malmenés.
Mais nous sommes dans le vivant de cet instant et ce lien je vais le garder, je vais l'alimenter et il va en découler de chacun de soi, la créativité qu'il ne soupçonnait pas…
A ma quinzaine de danseurs je leur dis:  « je ne vous lâcherai pas »… parce que je ne me lâcherai pas !

Nos rendez-vous n'ont pas changés : deux fois par semaine.
Mais toute une organisation s'est tissée via le réseau.
Nous travaillons en vidéo, en message et comme une balle de ping-pong les allers-retours fusent pour travailler, échanger, chercher…

Chaque nouvelle thématique titille la curiosité des danseurs et me permet de définir et redéfinir le fond , la forme… la forme et le fond.
Il est question d'être confinés dans le confinement : « collé/décollé » ;
il est question d'être ensemble mais séparés : « phrase visage » ;
il est question de « flux », d'états de corps et de contexte…
Et, la question de l'autre, le partenaire, absent… ses traits, ses traits brouillés dans les plans de l'espace.
Et , dans ce même temps la recherche : créativité/ groupalité…

Le temps n'a plus la même définition… du temps, de la disponibilité et presque parfois surmenée de ne plus avoir d'horaires…

Et le projet naît, prend vie, de manière totalement empirique au gré des événements du monde.

Il y a nos rendez-vous, nos vidéos, nos musiques, nos voix… Les doutes, la solitude, l'inquiétude, mais le plaisir du mouvement avant tout… NE RIEN LÂCHER !
Ce moment surligne les traits de caractère de chacun… Il s'agit là souvent d’apaiser, de ne pas laisser partir, de permettre à tous de se saisir de cette expérience pour révéler ce petit moment de récitation qui se niche en nous même, coincé entre la chaise et le lit.
Ce projet est né car ce n'était pas un projet… il a grandi, nourri d'une quinzaine de « je », des gens, du jeu de la vie… de la force de l'envie.

Puis retour du confinement
« Et...de revoir la couleur des coquelicots #3 »
Spectacle de « l'existant »...
ou,
comment l'Art, en parlant du moment présent, nous permet aussi de prendre de la distance.

A l'heure où notre vie s'adapte au jour le jour, la Cie et sa création deviennent polymorphes…

Il y a peu de temps de nouveaux danseurs.ses intégraient la Cie DANSE'AMU et quelques jours après nous étions de nouveau confinés.

Juste le temps de s'apprivoiser , pour que les recherches autour de « l'après-confinement » avec au cœur la question du corps et de la relation, nous permettent la naissance de compositions aux formes variées.

Les contraintes importantes du moment altèrent la création en générale, et entravent ce nouveau chapitre en particulier, nous forçant à l'invention en accéléré !

Pour cette 3éme partie de « l'aventure coquelicots » nous allons investir le CUBE .

En effet l'université désertée de la vie étudiante va s'animer avec des « morceaux de danse » ; dans le hall, sur scène, à l'étage, en salle de répétition, dans un recoin… Du duo au quintette nous allons « dénicher » nos trouvailles qui seront filmées en direct par notre réalisateur Denis Alcaniz.

Ce documentaire expérimental, réalisé et monté à partir d'images d'amateurs tournées pendant le confinement par les danseurs de la Cie DANSE'AMU, à la demande de leur chorégraphe, Véronique Asencio, a pour ambition d'interroger notre rapport au corps et à l'enfermement, faisant de l'altérité le dénominateur commun de notre réalisation. Ce travail trouve son écho à travers les interviews de ces mêmes danseurs collectés par Clarisse Vollon. Nous avons eu la volonté de placer le spectateur dans la position de voyeur/acteur. Pendant ce confinement, le voyeurisme y a probablement atteint son paroxysme. Une grande partie d'entre nous se transforma en véritable voyageur immobile, oxymore digital. l'être humain occidental coincé dans son éternel statut de spectateur observant/observé, enfermé dans une caverne digitale qui ne tait que trop bien son nom.

Ce film se veut comme un véritable objet pluridisciplinaire qui mêle danse, art vidéo, art sonore, littéraire, naviguant dans les sciences sociales.

Nous pouvons estimer que ce geste artistique dansant est l'essence même de l'art. Alors que paradoxalement certains s'activent, d'autres sont stoppés net. Le mouvement s'interrompt. La phrase s'arrête. Il s'agit ici de danser avec la mort.

  • Clarisse Vollon - Psychologue clinicienne & Maître de conférence en psychopathologie clinique à Aix-Marseille Université

La crise sanitaire majeure causée par l’épidémie de COVID-19 a conduit à la mise en place de mesures de préventions importantes dont la plus emblématique étant sans nuls doutes celle du confinement de l’ensemble de la population française annoncée le 16 mars dernier. Durant deux mois, ce confinement a forcé chacun et chacune d’entre nous à modifier son quotidien, réorganisant profondément nos environnements intime, privé et public. Seulement, nous nous sommes interrogés sur les répercussions psychiques de cette période singulière sur nos environnements internes respectifs et sur l’organisation de nos liens interpsychiques (Kaës, 2015). Nous avons été témoin durant cette période de nombreuses initiatives créatives pour maintenir le lien social sous diverses formes grâce notamment aux réseaux sociaux et l’utilisation massive de certaines plateformes de communication comme Zoom. Nous nous sommes alors posés plusieurs questions : pourquoi les mesures de confinements et plus largement la crise du COVID-19 ont-elles permis l’émergence d’initiatives créatives ? Quels ont été les impacts de ces mesures sur les groupes d’artistes qui utilisent spécifiquement le mouvement et l’espace pour créer comme par exemple les compagnies de danse ? Nous pensons que la créativité (Anzieu, 1981) a été durant la période du confinement l’expression d’une pulsion d’interliaison (Avron, 1996) dans un tissu social amputé d’une partie de ses modalités habituelles de fonctionnements. Plus spécifiquement, nous soutiendrons dans notre intervention deux hypothèses. Tout d’abord, l’annonce des mesures de confinement de notre population a provoqué un état de saisissement créateur (Anzieu, 1981) dans des organisations groupales déjà formées. D’autre part, et c’est notre seconde hypothèse, l’enveloppe psychique de ces groupes a permis l’émergence et le soutien de la créativité groupale. Pour mettre à l’épreuve nos hypothèses nous proposerons d'analyser des observations et des entretiens effectués avec les membres de la compagnie DANSE'AMU au court de la création de leur film "et... de revoir la couleur des coquelicots" qui s’est déroulée de mars à mai 2020.

 

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