Les villae maritimes de l'Istrie

La mission Les villae maritimes de l’Istrie (ISTRIE), soutenue par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et appuyée sur le Centre Camille Jullian, a été montée et cordonnée de 2012 à 2019 par Marie Brigitte Carre. Renouvelée pour 4 ans sous la direction de Corinne Rousse (2020-2023), elle reçoit le label Archéologie 2020-2021 de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres.

La mission Istrie est le fruit d’une longue collaboration franco-croate débutée en 1994 par Francis Tassaux (Université Bordeaux Montaigne) et le musée territorial du Parentin sur le site de Loron en Istrie, dans le nord de la Croatie. Implanté sur le territoire de la colonie de Parentium, Loron est un vaste atelier de production d’amphores à huile, fondé ex nihilo vers 10 ap. J.-C. Il appartient à une grande propriété foncière, intégrée dans le patrimoine impérial à l’époque de Domitien.

Après vingt ans de recherches sur l’atelier, élargies à l’occupation du littoral (ports et viviers), un nouveau programme intitulé « Les villae maritimes d’Istrie » a été mis en place en 2012. La mission s’est élargie à la problématique des villas et de leurs équipements, avec l’étude de deux nouveaux sites : d’une part, la villa de Santa Marina, découverte à 400 m au nord de Loron et interprétée comme le pôle résidentiel du grand domaine sénatorial et impérial ; d’autre part, le vivier de Busuja, aujourd’hui complètement immergé, et sa villa attenante (villa Mozaik), qui correspondent à une propriété voisine, située à environ 4 km de Loron. La mission associe des fouilles terrestres et sous-marines, des opérations de prospection et un ambitieux programme de recherches paléoenvironnementales destiné à préciser l’organisation de ces propriétés littorales et l’exploitation des ressources naturelles. Depuis 2019, l’équipe sous-marine intervient aussi sur les structures portuaires de la colonie de Parentium.

Les objectifs du programme 2020-2023 sont d’achever l’étude des sites de référence (villa de Santa Marina et vivier de Busuja) en développant une réflexion plus large sur le statut des grandes villas istriennes. Pour ce qui concerne la villa maritime de Santa Marina, grand complexe résidentiel en bord de mer (5000 m²), doté d’importants bâtiments de service et d’une grande huilerie, l’enquête porte principalement sur les équipements oléicoles, la caractérisation du secteur résidentiel et la façade maritime de la villa, en grande partie immergée. A Busuja, les opérations sous-marines sont quasiment achevées et il s’agit de préparer la publication du vivier et de sa villa attenante. Mais une nouvelle enquête vient de commencer sur la portualité de la colonie de Parentium - Poreč, jusqu’ici peu documentée. Une opération a été réalisée sur le site immergé de la Porporella le long de la rive nord de Poreč, qui pourrait correspondre aux moles signalées à la fin du Ier s. ap. J.-C. par une inscription de Titus Abudius Verus, sous-préfet de la flotte de Ravenne. La découverte récente d’un quai romain et d’une petite embarcation à l’occasion d’une fouille conduite par le musée renforcera également l’intérêt de la collaboration franco-croate dans le domaine de l’archéologie littorale et maritime.

Galerie d'images
Vue aérienne du site de la baie de Busuja et de la villa Mozaik / Cliché : Renco Kosinožić.
Le domaine de Loron Santa Marina / Cliché : P. Ružić.
Villa de Santa Marina / Cliché : Emmanuel Botte (AMU - CNRS - Centre Camille Jullian).
Vivier de la baie de Busuja (Ier siècle) / Cliché : Loïc Damelet (CNRS - Centre Camille Jullian).
Liens utiles
Mots-clés
Antiquité romaine
Méditerranée, Croatie, Istrie
Villas maritimes
paléoenvironnement
archéologie littorale et maritime, archéologie sous-marine
huilerie, vivier, installations portuaires