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Un bureau Airbnb
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Crise et ubérisation en Méditerranée : le développement d’Airbnb à Marseille, Barcelone et Lisbonne

Fondée en 2008, Airbnb est une plateforme numérique de réservation de logements chez les particuliers. En 2019, la société californienne revendiquait un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars fondé sur sa capacité technologique disruptive et actant une réussite économique mondiale de plus de 60 millions de réservations pour le seul été 2018 (Guttentag, 2013 ; Guttentag et al, 2017).

L’essentiel des réflexions académiques portant sur Airbnb traite des impacts socio-territoriaux de la start-up dans différentes métropoles attractives, en particulier sur leurs secteurs touristiques et quartiers emblématiques, et les nouvelles pratiques générées par les évolutions technologiques du new urban tourism (Fuller et Michel, 2014). Airbnb est ainsi étudiée dans sa capacité à hypertrophier la pression touristique et à accentuer la tension du parc locatif immobilier pour les habitants historiques, ainsi qu’à accélérer les dynamiques classiques de gentrification par le tourisme. Plusieurs études de cas ont été réalisées à la Nouvelle-Orléans, à Palma de Majorque, à Reykjavik et à New York où les centralités touristiques et festives concentrant la majorité des offres Airbnb (Gotham, 2005 ; Yrigoy, 2016 ; Mermet, 2017 ; Dudas et al, 2017) sont transformées de facto dans leur composition sociale et au niveau du fonctionnement classique du marché de l’hôtellerie.

Les villes touristiques méditerranéennes n’ont pas été épargnées par l’arrivée d’Airbnb à l’instar de ce que nous avons pu observer à Marseille par ailleurs (recherche que nous avons initiée en 2019 et 2020 et dont les résultats sont en cours de rédaction pour une revue scientifique internationale à comité de lecture) : concurrence déloyale vis-à-vis de l’offre hôtelière traditionnelle locale, transformation socio-urbaine des quartiers les plus touristiques, accélération d’une certaine forme de rareté du foncier, accélération du remplacement sociologique des résidents les moins favorisés, perte d’identité progressive des quartiers concernés par une forte présence d’Airbnb.

Dans un souci de prise de recul et de mise en perspective, nous souhaitons à présent travailler sur Barcelone et Lisbonne pour identifier les convergences et les divergences de l’ubérisation du secteur de l’hôtellerie de ces deux métropoles qui ont su, ou sont en train de, réagir face au développement d’Airbnb. Barcelone, dont « l’airbnbisation » a été abordée d’un point de vue qualitatif mais pas quantitatif (ce que l’étude SoMuM nous permettra de réaliser), a ainsi initié le lancement de la plateforme citoyenne Fairbnb qui souhaite proposer une alternative « équitable et durable » à la plateforme californienne. Lisbonne tente de son côté, à travers son programme Sharing City, de réguler et d’encadrer les nouvelles technologies digitales, en particulier dans les impacts et les utilisations urbaines qu’elles peuvent avoir sur ces différents quartiers.

Coordinateur du projet 

Alexandre Grondeau – TELEMMe (UMR 7303)

Durée

De septembre 2021 à février 2023

Mots-clés
aibnb
ubérisation
crise
tourisme
Méditerrannée