Discours du Président Eric Berton : Rentrée solennelle 2022

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Éric Berton, Président d’Aix-Marseille Université a présenté les axes stratégiques qui seront déployés cette année à l’ensemble de la communauté universitaire et des partenaires économiques présents.Une rentrée singulière, celle des 10 ans de l’université, placée sous le signe du partage, de l’engagement et de l’innovation. A cette occasion, le Président a remis la médaille de l’Université à Yvon Berland, Président Honoraire d’AMU.

Monsieur le Gouverneur militaire de Marseille, Monsieur le Général Pascal Facon,

Madame la Rectrice de Région déléguée à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Madame Fabienne Blaise,

Monsieur le Délégué Régional Académique à la Recherche et à l’Innovation, Monsieur Jean-Luc Parrain,

Madame l’adjointe au Maire de Marseille, chère Aurélie Biancarelli-Lopes,

Madame la Présidente Directrice Générale de l’Institut pour la Recherche et le Développement, chère Valérie Verdier,

Monsieur le Directeur du CROUS d’Aix-Marseille, cher Marc Bruant,

Monsieur le Président honoraire fondateur d’Aix-Marseille Université, cher Yvon Berland,

Mesdames et Messieurs les membres de la gouvernance d’Aix-Marseille Université,

Mesdames et Messieurs les doyennes et doyens, directrices et directeurs de composantes d’Aix-Marseille Université,

Mesdames et Messieurs les directrices et directeurs de services centraux et services communs d’Aix-Marseille Université,

Chères et chers collègues,

Chères et chers partenaires,

C’est avec beaucoup de plaisir que je vous retrouve aujourd’hui pour ce temps important dans le paysage des traditions universitaires et académiques. La rentrée solennelle est généralement l’occasion de passer en revue les sujets qui vont nous mobiliser au cours de l’année. A ce moment de l’histoire d’Aix-Marseille Université, de notre grande et belle Université, je dirais qu’il prend une importance toute particulière. J’ai souhaité que cette rentrée solennelle soit l’occasion de partager avec vous quelques réflexions qui me semblent être fondamentales. A ce moment de notre histoire, il est crucial de nous rappeler qui nous sommes et de nous demander où nous souhaitons aller.

Je vous propose de dérouler cette réflexion en trois temps autour d’une même thématique.

Vous le savez, nous célébrons cette année le 10ème anniversaire d’Aix-Marseille Université. Moment important s’il en est, puisqu’il y a une décennie, l’Université de Provence, l’Université de la Méditerranée et l’Université Paul Cézanne ont su unir leurs forces, leurs talents et leurs savoirs pour donner naissance à une université unique, puissante et pluridisciplinaire. Vous avez su, toutes et tous, collègues enseignants-chercheurs, collègues administratifs, ouvriers, ingénieurs, assistants, chacune et chacun, contribuer à la construction de cet édifice. 

Cet édifice, nous en avons posé ses fondations. Tout ne fut pas simple, mais votre détermination, votre professionnalisme et votre adhésion à un projet ambitieux pour la jeunesse et le territoire, a permis, à une forme d’intelligence collective, d’émerger et de consolider cet ensemble si vaste et divers. Je crois qu’il est important de s’en féliciter, de prendre le temps de regarder tout ce qui a été accompli, de mesurer à quel point les qualités humaines de chacune et chacun ont permis de réaliser ce que beaucoup avaient pu qualifier d’utopie ou ce que d’autres, dans d’autres villes universitaires n’ont simplement pas su faire. 

Fierté et satisfaction sont des mots que je souhaite voir résonner en votre for intérieur : vous pouvez l’être individuellement et nous pouvons l’être collectivement. C’est important de prendre le temps de savourer certaines choses.

Ne pensez pas que je vous invite à une autosatisfaction béate : il y a une différence entre se penser arrivé, penser que tout est parfait et simplement regarder le chemin parcouru tout en ayant la conscience de celui qui reste à parcourir. Nous avons accompli des choses considérables mais d’immenses défis nous attendent encore. Je vous le disais, mon propos va s’articuler en trois temps autour d’une même thématique. Cette thématique est celle qui ponctue cette année anniversaire : l’avenir, cet avenir qui est toujours à écrire, défi permanent à notre intelligence et à notre audace. L’avenir parce que depuis 10 ans nous avons très largement contribué à l’imaginer, à le construire, à le faire advenir. L’avenir parce que guerres, maladies, pandémies, crises sociales, économiques, écologiques, migratoires, climatiques obèrent les jours heureux auxquels il est naturel d’aspirer. Cette adversité, ces menaces, ont, de tout temps, émaillé la vie des femmes et des hommes et toujours, malgré la noirceur profonde de certains moments, ces femmes et ces hommes ont su faire émerger des solutions qui leur ont permis de retrouver confiance.

Aujourd’hui, plus que jamais, l’avenir est ce qui me préoccupe et malgré les nuages qui s’amoncèlent j’ai une confiance profonde en notre capacité collective à imaginer, à inventer, à vivre et à faire ensemble, à transmettre, à construire des utopies collectives, à conjuguer nos talents pour ouvrir des voies inattendues vers des horizon nouveaux et porteurs d’espoir.

Je vais donc évoquer cet avenir, notre avenir.

Parce qu’Aix-Marseille Université n’existerait pas sans les femmes et les hommes qui la composent il est évidement essentiel de parler de la manière dont a commencé à se construire l’avenir de ces femmes et ces hommes d’Aix Marseille Université et la manière dont ces évolutions vont se poursuivre. Parce qu’Aix-Marseille Université n’aurait pas de raison d’être sans la jeunesse, qu’il lui revient d’accompagner dans sa formation, son épanouissement, son rapport au monde, je prendrai aussi le temps d’évoquer l’avenir de ceux qui demain en seront les principaux artisans. Enfin, le troisième temps, la troisième mise en perspective de notre avenir, concerne bien évidemment la manière dont nous tous, collègues et étudiants d’AMU, allons inscrire notre action au sein de ce vaste et magnifique territoire, en lien avec les acteurs culturels, associatifs, économiques, d’ici et de plus loin, dans une dimension impactante régionale, méditerranéenne, européenne et internationale.

Mais avant de partager avec vous ces perspectives d’avenir je souhaite rendre un premier hommage à notre invité d’honneur.

Si Aix-Marseille Université a vu le jour, il faut se souvenir que la volonté ferme et l’ambition visionnaire d’un homme en particulier a été un facteur déterminant pour la réussite du projet. Cet homme c’est le Président Yvon Berland. Mon très cher Yvon, alors que nous sommes réunis pour célébrer cet anniversaire et le destin remarquable d’Aix-Marseille Université, il est essentiel de saluer le rôle qui a été le tien, la manière dont tu as œuvré sans relâche à la construction de ce projet un peu fou au départ, et la détermination sans faille dont tu as fait preuve pour convaincre, rassembler, surmonter les inévitables difficultés qu’une telle entreprise rencontrerait. Nous avons été nombreux à te suivre alors même que rien n’était simple ni facile, cela s’explique en grande partie par la conviction qui t’a toujours habité et que tu as su transmettre à beaucoup d’entre nous. Un peu plus tard dans la soirée, après ce discours et un intermède musical, nous te rendrons l’hommage qui te revient, particulièrement en cette année anniversaire, en te remettant la toute première médaille de l’Université marquée du sceau des 10 ans d’AMU et en te donnant la parole pour partager avec nous la vision et le parcours qui ont été les tiens.

Je vous propose dès à présent de saluer par nos applaudissements Yvon Berland, Président honoraire fondateur d’Aix-Marseille Université.

Merci pour cet accueil chaleureux, merci pour notre ami Yvon Berland.

Je vous le disais, le premier temps de ce discours d’ouverture officielle de l’année universitaire je souhaitais vous le consacrer.

À vous chères et chers collègues. Parce que c’est vous qui par votre engagement, par votre complémentarité, par vos compétences, c’est vous qui faites fonctionner notre grande et belle université. L’avenir c’est vous qui, depuis 10 ans l’inventez, le réalisez, le forcez parfois aussi. L’avenir c’est vous qui allez répondre aux innombrables défis qu’il nous lance. Je connais beaucoup d’entre vous, certaines et certains particulièrement bien, d’autres au travers de leurs réalisations ou de leur professionnalisme qui m’est rapporté.

Si j’ai souhaité nommer un Vice-président en charge des richesses humaines ce n’est pas juste parce que c’est joli de parler de richesses humaines. Ce choix s’ancre dans une expérience concrète et réelle. J’ai toujours eu la volonté d’être au plus près des collègues, d’aller à votre rencontre, d’échanger et de partager avec vous. Et à chaque fois, dans ces moments-là, j’ai mesuré la chance que nous avions d’avoir autant de personnes de grande qualité au sein de notre université.

Au cours des deux dernières années, malgré nous, nous avons été tenus loin les uns des autres. Alors que tout dans nos professions nécessite échanges, interactions, rencontres, débats, nous avons été contraints de nous limiter pendant des mois entiers à la seule sphère du numérique et au distanciel. Je ne sous-estime pas ce que ces outils ont permis : nous avons pu informer et garder le contact, avec nos collègues, nos étudiants, nos partenaires. Cela était fondamental et nous pouvons être fiers d’avoir tenu le cap.

Mais il est aujourd’hui tout aussi fondamental de reprendre le fil de ce qui, de tout temps, a donné tout son sens à nos vies : être ensemble.

Cette rentrée solennelle est donc l’occasion pour moi de vous dire mon désir profond de renouer ce lien avec notre communauté universitaire. J’ai commencé à m’y engager et je vous invite toutes et tous à multiplier les occasions de revoir nos collègues, dans leurs laboratoires, sur les campus, lors de réunions de travail ou bien encore lors de moments conviviaux.

Multiplier ces occasions et retrouver ce plaisir de passer ces moments ensemble est un objectif important pour l’année qui s’ouvre. Je sais qu’il est parfois plus commode de créer un lien zoom pour se réunir, et c’est souvent pertinent en termes de sobriété énergétique, mais n’oubliez pas non plus qu’il est important de retisser des liens les uns avec les autres. Certaines et certains d’entre vous, arrivés récemment, n’ont eu que trop peu l’occasion de rencontrer physiquement des personnes avec qui ils travaillent depuis des mois.

Ensuite, et c’est un point essentiel à mes yeux, je souhaite que nous continuions à aller plus loin sur le chemin de l’engagement social d’AMU. Là encore, je tiens à vous le dire, je ne m’attache pas à la beauté des mots mais à leur sens profond et aux actes qu’ils réclament. Être socialement engagé c’est penser d’abord à celles et ceux qui œuvrent pour cela. Au fil du temps j’ai pu mesurer à quel point il était essentiel pour notre équilibre de vie de prendre du plaisir dans le cadre de notre activité professionnelle, à quel point il était essentiel de nous lever avec l’envie de retrouver nos collègues et de faire avancer les choses dans lesquelles nous sommes engagés.

Je vous le dis très solennellement, le bien-vivre au travail ne peut pas être un élément décoratif visant à rendre un environnement professionnel plus supportable. Le bien-vivre au travail c’est l’engagement d’un employeur à prendre soin des personnes qui donnent à l’institution, une grande partie de leur temps, de leur vie. C’est l’engagement d’un employeur à contribuer à rendre le temps de vie professionnelle meilleur. Beaucoup a déjà été fait par la gouvernance de notre université, avec nos directions centrales, avec nos services communs, au sein de nos composantes, de nos laboratoires, de nos instituts. Et je souhaite poursuivre et amplifier cela.

Une mesure emblématique de cette ambition est la création d’un Service pour le Respect et l'Égalité en mai dernier. Une première dans le monde universitaire Français pour un service qui a déjà traité 52 situations. Nos collègues et nos étudiants disposent désormais d’un guichet unique leur permettant d’être aidés par des professionnelles face aux violences sexuelles, sexistes, aux situations de harcèlement et aux discriminations. Nous avons peut-être déjà été témoins de ces situations, nous pouvons désormais orienter les personnes victimes vers ce service qui réalise un travail formidable. 

Nous avons également lancé le « Lab’ du bien-vivre au travail » qui ambitionne d’impulser des mesures et des solutions pour améliorer votre quotidien. Un questionnaire a été adressé la semaine dernière à nos 8 000 collègues afin de mieux cerner les attentes de chacun et de disposer ainsi d’un baromètre social pour mieux orienter notre action. L’ambition de ce lab’ du bien vivre au travail est vaste :

  • faire vivre la concertation et la participation du plus grand nombre, 
  • être à l’écoute de toutes les parties concernées, 
  • partager en toute transparence les résultats du baromètre, 
  • agir mieux, au plus près des réalités vécues quotidiennement,
  • innover de façon résolue pour améliorer la qualité de vie au travail,
  • donner une traduction concrète à notre volonté d’être socialement responsables. 

Le bien-vivre au travail s’est aussi traduit par la mise en place du télétravail qui a offert à beaucoup d’entre nous une capacité nouvelle d’organiser notre activité de manière plus souple et mieux articulée avec notre vie personnelle et familiale. Une enquête proposant un bilan à un an a été réalisée auprès de plus de 1 000 collègues qui avaient sollicité ce dispositif. Des constats très positifs sont faits sur de nombreux points par une très large majorité d’entre eux (de 80 à 90% de réponses favorables en fonction des questions). Parmi les principales motivations à l’origine des demandes de télétravail nous retrouvons : 

  • La réduction / suppression des temps de trajet,
  • La réduire de la fatigue physique et / ou psychologique,
  • Une meilleure efficacité au travail grâce à un cadre de travail jugé plus confortable et/ou plus calme.

Bilan très positif donc qui incite à penser que le déploiement de ce dispositif offre un rapport nouveau et favorable au travail en garantissant un équilibre entre les différentes sphères de nos vies.

Au cœur de nos priorités nous retrouvons également les carrières avec une politique de promotion interne affirmée pour nos collègues, BIATSS, PRAG/PRCE et MCF. Nous avons mis en place le repyramidage de nos collègues BIATSS via les procédures du Ministère tout en cherchant, à élargir les critères d’éligibilité. Nous affichons dès cette année, dans la campagne d’emplois des possibilités de promotion interne via le repyramidage pour les collègues PRAG/PRCE souhaitant accéder au statut de MCF. C’est une campagne inédite dans le paysage de l’enseignement supérieur national. Enfin avec 18 postes aux concours en procédure 46.3 et 35 postes en repyramidage, c’est 53 collègues MCF qui accéderont au statut de Professeur dans les tous prochains jours. J’ose le dire dans cette période actuelle de récession économique, il s’agit là d’un effort remarquable de l’établissement. 

Cette politique volontariste s’est également traduite au niveau indemnitaire avec de nombreuses revalorisations : 1 million 3 a été investi sur RIFSEEP, un million sur le CIA, une augmentation de 10% a été appliquée sur la PCA et la PRP pour les E/C. Au global les différentes refontes indemnitaires représentent un investissement de quasiment 5 millions d’euros pour l’établissement. À Noël l’ensemble de nos collègues titulaires auront une prime de 400 euros en moyenne, un dispositif similaire sera mis en place pour nos collègues contractuels CDisés tandis qu’une prime variable pourra être accordée à nos collègues disposant d’un contrat à durée déterminée. 

Dans la continuité de l’obtention du label HRS4R, Aix-Marseille Université poursuit son engagement à développer un marché du travail attractif, ouvert et durable pour les chercheurs, afin d’attirer ceux qui figurent parmi les meilleurs au monde, afin d’encourager les jeunes à poursuivre leurs parcours dans les carrières scientifiques et d’améliorer les conditions de travail pour les chercheurs sur le site d’Aix-Marseille.

Saluons ici le travail qui est fait par nos différents services avec l’appui de la fondation A*Midex en direction des doctorants en situation de handicap. L’accompagnement individualisé qui a été mis en place a permis leur participation à des colloques internationaux, des transcriptions en anglais et en langue des signes ou encore leur insertion professionnelle. L’inclusion ne peut pas être un simple objectif, bien plus que cela, c’est une nécessité et surtout une mission.

Je souhaite que collectivement nous puissions poursuivre et amplifier nos efforts avec la mise en œuvre d’une véritable Gestion Prévisionnelle des Emplois des Effectifs et des Compétences. Cette démarche a pour ambition de relier la construction des parcours avec l’évolution des métiers. C’est un outil indispensable dès lors qu’on veut donner du sens au terme de richesses humaines.
 
Mieux accompagner la carrière de chacun de nos collègues en décelant ses potentialités, en proposant les formations les plus adaptées, en prévoyant une évolution des missions et fonctions, au plus près des aspirations, des compétences et des enjeux auxquels l’université d’aujourd’hui et de demain doit répondre, c’est cela l’objectif de cette GPEEC. Avec le lancement à l’automne des premières actions développées par l’école de développement des talents nous disposerons d’un formidable outil pour avoir les moyens de nos ambitions. En effet, cette école portée par AMU et ses partenaires, programme numéro 1 du projet IDeAL, vise à renforcer les compétences de l’ensemble des personnels académiques, administratifs et techniques de l’université et ainsi à faciliter leur évolution et leur mobilité professionnelle.

Enfin, et je tiens à vous rassurer sur ce point : être tourné vers l’avenir c’est d’abord le préparer, l’anticiper, le sécuriser. Les différentes crises qui touchent notre monde aujourd’hui inquiètent et c’est bien normal. Les difficultés en termes énergétique et économique, avec l’inflation qui augmente, sont réelles mais il est important de remettre cela dans son contexte. Notre Université a une gestion saine et responsable, et un scénario comme celui que nous connaissons faisait partie du champ des possibles. Nous avions donc anticipé en termes de réponses possibles et de marges budgétaires. Nous traverserons cet épisode comme d’autres préalablement et vous n’en serez pas impactés.

Le second temps concerne bien évidemment la jeunesse dont une partie de l’avenir nous est confié. 

L’université est le lieu où elle poursuit et finalise sa formation. Formation intellectuelle, formation professionnelle et formation citoyenne. Dans un moment où beaucoup d’entreprise s’interrogent sur leur raison d’être, je vous le dis avec certitude et simplicité, notre raison d’être elle est là. Donner à cette jeunesse les moyens de construire un avenir meilleur pour elle et le monde qu’elle habite. Nous avons là une immense responsabilité. Responsabilité d’autant plus grande que l’université est souvent le lieu et le moment où les inégalités sociales s’expriment avec force et sont perçues par cette jeunesse avec une conscience qui s’aiguise forcément à mesure que leurs outils intellectuels s’affermissent.

Tout cela je sais que nous en avons une conscience partagée et que l’immense majorité d’entre vous s’engage avec beaucoup de détermination pour répondre à ces défis. Un engagement quotidien qui s’exprime au travers de nos formations mais aussi au travers de l’implication de nos collègues dans les actions de solidarité et d’aide à nos étudiants. 

Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur de solides fondations. D’abord avec ce qui constitue un élément différenciant très fort pour notre université et plus largement pour le site d’Aix-Marseille : L’interdisciplinarité. L’interdisciplinarité est devenue plus qu’une intention. C’est désormais un élément transverse et structurant pour de nombreuses approches pédagogiques et pour l’organisation d’innombrables travaux de recherche. Cette approche, chez nos étudiants, favorise la curiosité, les échanges et l’impact social, elle donne un sens fort à leur engagement. Cette interdisciplinarité n’est possible et efficace que par la nature même d’AMU et son champ si vaste d’intervention. Le dernier Festival des sciences et des arts en est un exemple parfait avec comme thématique phare La Méditerranée : La mer comme avenir ainsi que le lancement de l’université de la mer.

Avant même l’arrivée de nos étudiants, avec l’appui du SUIO et du projet Panorama, nous avons la chance de travailler sur l’articulation bac-3 / bac+3 que nous savons essentielle à leur réussite future. Cette réussite elle se construit aussi grâce à la personnalisation des parcours qui a été impulsé par le projet Dream-U, son approche pédagogique innovante et l’accompagnement qu’il permet. Et puis, avec le projet TIGER, nous avons mis un accent très fort sur le lien entre formation et recherche, élément essentiel pour que les années de master prennent tout leur sens. Enfin, toute ces initiatives sur le champ de la pédagogie bénéficient d’un autre point d’appui avec Ampiric, notre Pôle d’Innovation, de Recherche et d’Enseignement pour l’Éducation. 

Et puis, je n’oublie pas la vie étudiante et l’action essentielle que mènent de nombreuses associations, notamment sur le champ de la solidarité que la crise sanitaire a rendue plus nécessaire que jamais. Grâce à elles quatre sites universitaires disposent désormais de leur Agorae, une épicerie sociale et solidaire qui constitue une aide précieuse pour de nombreux étudiants. Ce partenariat avec la Banque alimentaire, porté par la FAMI, la Fédération Aix-Marseille Interasso, a vocation à poursuivre son déploiement sur nos campus dans un contexte où la solidarité est plus que jamais nécessaire pour faire reculer la précarité étudiante.

La solidarité a également été indispensable face au drame vécu par le peuple Ukrainiens et les jeunes qui menaient leurs études dans ce pays. Comme partout, tout a été fait pour accueillir dans les meilleures conditions les étudiants Ukrainiens qui fuyaient l’horreur de la guerre. Mais le choix a été fait d’aller plus loin en accueillant également des étudiants d’autres nationalités, qui poursuivaient leurs études en Ukraine. Lorsque les bombes pleuvent, il n’y a que des victimes et la solidarité prend alors tout son sens. Pour permettre cela de nombreux collègues et équipes se sont mobilisés avec courage et énergie, il est essentiel de les en remercier chaleureusement aujourd’hui. 

La diffusion des valeurs citoyennes et humanistes que ces initiatives représentent va être amplifiée avec le développement de l’engagement étudiant porté notamment par le projet IDeAL. Permettre à la jeunesse de s’engager, l’accompagner, lui en donner les moyens, tout en lui laissant l’initiative des formes que cela doit prendre, est une mission fondamentale de l’Université.

Le volet pédagogie, va bien évidemment contribuer à cet effort. Vous avez été nombreuses et nombreux à coconstruire notre stratégie formation pour la période 2024-2029. C’est un travail considérable qui a été réalisé dans la perspective de la prochaine accréditation et nous pouvons en être fiers. Une ambition y est clairement affirmée : structurer notre offre formation autour du parcours de l’étudiant, en créant des passerelles, en facilitant ses changements d’orientation, sa poursuite d’études et son insertion professionnelle. Cette ambition est fondamentale. On y retrouve le sens premier de notre mission. Être une université socialement engagée c’est bien permettre à chaque étudiant de trouver au cours de son parcours la voie qui correspond à son profil, à ses aspirations et à son projet pour lui permettre de s’épanouir par la suite en tant que professionnel et en tant que citoyen.

Et puis, nous n’oublions pas ceux qui ont été étudiants et qui sont aujourd’hui des acteurs du monde socioéconomique, culturel et associatif. Le travail que nous menons en direction de nos alumnis avance et permettra de s’appuyer sur leurs compétences, leur expertise et leur attachement à Aix-Marseille Université pour enrichir nos parcours de formation. 

L’avenir, enfin, est bien sûr, aussi, très lié à notre environnement de travail et à notre contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Nous allons assister dans les mois à venir à la poursuite des grands travaux d’amélioration et de réhabilitation de nos campus. Les financements qui nous avaient été accordés dans le cadre du plan de relance vont se concrétiser avec le démarrage de nombreux travaux qui pourront être engagés malgré la crise de l’énergie et des matières premières qui nous impacte. Le nouveau contrat de plan état-région va nous donner les moyens de mettre en œuvre nos ambitions en matière de préservation de l’environnement et de sobriété énergétique. Il prévoit de consacrer une enveloppe de 140 millions d’euros notamment à la rénovation thermique de nos bâtiments. 

Et puis, puisqu’on parle d’avenir, il est essentiel de s’inscrire avec force et détermination dans celui de notre territoire, car il doit nécessairement s’écrire collectivement.

Le site d’Aix-Marseille est aujourd’hui reconnu par la communauté scientifique comme exemplaire pour la qualité des collaborations qui ont été instaurées entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et je tiens sur ce point à saluer l’engagement de nos partenaires : leur intégrité, leur compétence, leur volonté d’avancer collectivement vers des objectifs ambitieux et porteurs d’avenirs. Tout cela est une chance. Je salue donc nos collègues du CNRS, de l’Inserm, du CEA, de l’IRD, de l’École Centrale de Marseille, de l’IEP d’Aix-en-Provence, de l’AP-HM, tous engagés dans notre Initiative d’excellence. Et je n’oublie pas nos collègues de l’Institut Paoli Calmettes, de l’INRAE avec qui de nombreuses initiatives sont également menées. Ensemble nous avons déjà fait beaucoup et les perspectives à venir sont immenses.

La Métropole Aix-Marseille Provence est aujourd’hui un territoire qui dispose d’un potentiel de développement absolument considérable. L’idée d’un pays totalement centralisé appartient au passé et l’attractivité de notre région n’a jamais été aussi forte. J’en ai la conviction, certaines régions vont devenir des pôles d’innovation, d’excellence et de forte croissance, la nôtre a vocation à jouer un rôle capital dans cette mutation de notre pays et je suis attaché à ce que notre université prenne toute sa place aux côtés de l’ensemble des acteurs du territoire.

Le 2 septembre dernier, en présence de l’Agence nationale de la Recherche, nous lancions le projet CISAM+, lauréat de l’appel à projets Excellence doté de 40 millions d’euros de financements par l’Etat. Il s’agit d’une étape importante dans le déploiement du projet d’AMU pour la jeunesse et le territoire puisqu’il permettra de créer des cités de l’innovation et des savoir sur nos différents campus. Chaque CISAM de campus permettra de mettre en relation nos équipes de recherche, nos étudiants, les collectivités territoriales, des industriels, le monde socioéconomique, culturel et associatif. L’ambition est de faire de l’innovation un domaine de collaboration évident entre ces acteurs, l’ambition est de créer les synergies qui permettront d’associer les talents, l’énergie et l’audace de tous pour faire rayonner notre territoire. Alors que la CISAM est reconnue comme l’un des 25 lieux qui changent l’innovation en France, avec CISAM+ nous allons assurément disposer d’un outil précieux pour continuer à développer l’attractivité de notre territoire à l’échelle nationale et internationale.

Plus largement, je tiens à souligner le lien très fort qui existe entre l’Université d’Aix Marseille et les acteurs des politiques publiques : Région, départements, Métropole, villes. Que ce soit en termes de logement, de transport, d’innovation technologique et sociétale, ce que représentent pour le territoire les 8 000 personnels, les 80 000 étudiants d’Aix-Marseille Université, est considérable. Il est fondamental que nous travaillions main dans la main, j’y suis très attaché et mettrai toute mon énergie pour faire de ces collaborations un élément de progrès social pour l’ensemble de notre territoire.

Dans cette perspective, notre capacité à mobiliser les acteurs de la Recherche est un atout majeur. J’évoquais l’interdisciplinarité pour ce qu’elle apporte comme solutions aux grands enjeux de société : climat, environnement, mers et océans, santé, nous sommes engagés sur des champs vastes et stratégiques. 

L’année sera marquée par la poursuite des échanges avec le HCERES, le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur. Ce sera un moment important qui verra des centaines d’experts se pencher sur l’activité de nos laboratoires de recherche. Je suis convaincu que cette séquence permettra de mettre en lumière l’excellence des travaux qui y sont menés et de se doter d’objectifs nouveaux, porteurs d’avenir.

Cette excellence de la Recherche, pour ne citer qu’un exemple parmi des dizaines d’autres possibles, se traduit notamment par des initiatives concrètes, orientées vers la mise en commun des compétences et la recherche de solutions. L’été que nous avons vécu, si certains en doutaient encore, a rappelé l’urgence à lutter contre le réchauffement climatique et à agir pour la préservation de notre environnement. Nos meilleurs experts s’associeront à d’autres experts internationaux à l’occasion d’un conseil du climat qui ambitionne de mettre ces compétences au service des acteurs du territoire et d’au-delà. Ce rendez-vous est fixé au vendredi 18 novembre au sein de notre campus du Pharo.

Et puis, comment ne pas saluer le rôle d’A*Midex, notre fondation universitaire qui a impulsé de multiples actions pour permettre de développer nos instituts d’établissement, de faire avancer l’interdisciplinarité ou encore le multilinguisme. 

Aujourd’hui, avec l’ensemble des partenaires, A*Midex fait le pari de la confiance avec le lancement d’un appel à projet blanc. Alors que nous sommes souvent confrontés au national à des appels à projet très cadrés et donc assez restrictifs, le choix a été fait de doter cet appel à projet d’une enveloppe de dix millions d’euros et de laisser une totale liberté aux déposants de choisir les thématiques sur lesquelles ils souhaitent travailler. Là encore, à n’en pas douter, nous nous dotons d’un outil supplémentaire pour faire émerger des solutions nouvelles et favoriser la libre expression des talents et de la créativité. 

Faire rayonner notre territoire est une ambition qui se conjugue aussi à l’international. Notre alliance d’universités européennes CIVIS a connu une première phase marquante et prometteuse. En son sein nous nous sommes associés à d’autres acteurs majeurs de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L’Université nationale d'Athènes, l’Université de Bucarest, l’Université Libre de Bruxelles, l’Université Autonome de Madrid, l’Université Sapienza de Rome, l’Université de Stockholm, l’Université de Tübingen, l’Université de Glasgow et l’Université de Salzbourg. Ensemble nous avons construit l’appartenance à une communauté, favorisé notre visibilité commune au niveau de l’Union Européenne, mis en place de nouveaux projets et des succès à des appels européens, dont RIS4CIVIS, augmenté les possibilités de mobilité pour les étudiants et lancé un Open Lab. Nous avons appris il y a quelques semaines le renouvellement des financements de l’Union Européenne pour engager une seconde phase de cette alliance. 

De nouveaux chantiers vont donc pouvoir s’ouvrir avec là encore un impact fort pour notre territoire. La mise en place de diplômes joints va s’accélérer, les approches interdisciplinaires et par enjeux vont se multiplier, l’engagement citoyen local et international sera encouragé, une collaboration équilibrée avec nos partenaires Africains sera poursuivie, les opportunités de mobilité seront développées et nos projets formation et recherche (CIVIS et RIS4CIVIS) convergeront.

D’octobre à mars, Aix-Marseille Université présidera l’alliance avec comme temps fort un board des Recteurs et Présidents d’Université le 10 novembre à Aix-en-Provence. Une nouvelle occasion de renforcer les liens qui nous unissent à nos partenaires en leur faisant découvrir l’exceptionnelle beauté et la grande diversité de notre territoire.

En conclusion de ce discours - qui souligne l’ampleur du chemin parcouru ces 10 dernières années - je voulais vous donner un rendez-vous. Une fête d’anniversaire est toujours un événement important. Le dixième anniversaire d’une aventure collective écrite par des milliers de femmes et d’hommes se doit, forcément, d’être un moment d’exception.

Le mardi 22 novembre en sera le temps fort et de nombreuses équipes issues de nos laboratoires, de nos directions, de nos campus, investiront le Silo à Marseille pour partager avec notre communauté et nos partenaires toute la richesse des projets menés ces dix dernières années. Je compte sur vous pour diffuser largement cette info et à venir nombreuses et nombreux fêter le dixième anniversaire de notre grande et belle université !

Je vous remercie de votre attention, de votre présence et de votre écoute.

Éric Berton

Président d’Aix-Marseille Université


 

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